06/04/2023

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Pour économiser l’eau, ils cultivent laitues, carottes et maïs à l’ombre de panneaux solaires, et ça marche

Par Laure de CHARETTE - Ouest-france.fr
  • agriculture
  • panneaux photovoltaïques
  • légumes

Grâce à une expérimentation menée depuis 2010, des laitues, des carottes et du maïs poussent sur le campus dédié à la recherche agronomique de La Valette, près de Montpellier (Hérault). Avec moins d’eau que sur les parcelles voisines, sous des panneaux solaires. Reportage.

Au-dessus de nos têtes, 140 panneaux photovoltaïques bougent, faisant un léger bruit métallique, pour tenter de capter les beaux rayons du soleil de ce mois de mars. À leurs côtés, des centaines de panneaux fixes surmontent eux aussi les champs que nous arpentons. Au campus de La Valette, situé au nord de Montpellier, des scientifiques de l’Inrae ( Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et de l’Institut Agro mènent depuis douze ans une expérimentation d’agrivoltaïsme.

« L’idée est simple : il s’agit de placer des panneaux solaires au-dessus d’une parcelle où sont cultivés des légumes, notamment de la laitue et des carottes, ainsi qu’une céréale, le maïs. Nous observons ensuite le comportement de ces plantes au fil des différentes stratégies de pilotage des panneaux adoptées », explique Gilles Belaud, coordinateur scientifique de la chaire Eau, agriculture et changement climatique et professeur en sciences de l’eau à l’Institut Agro.

Les persiennes solaires sont pilotées à distance à l’aide d’algorithmes complexes. Elles peuvent se mettre à plat pour protéger les cultures d’un soleil brûlant ou du gel ou s’incliner pour laisser passer un maximum de lumière ou de pluie.

Des besoins en eau réduits de 30 %

Et les résultats sont là, notamment sur la question cruciale de l’irrigation. « Les cultures sous panneaux présentent une évapotranspiration plus faible, du fait de la diminution du rayonnement. Donc leurs besoins en eau baissent, de 30 % en moyenne. C’est significatif et tout à fait intéressant à l’heure où l’on cherche à réaliser des économies d’eau », poursuit le chercheur.

« Mais, prévient-il, ce n’est pas la solution miracle car si la plante reçoit moins de lumière et moins d’eau, elle se développe moins vite. » Ainsi la laitue sous panneaux se récolte sept jours plus tard que celle de la parcelle témoin, et le maïs dix jours plus tard. Et logiquement, le rendement de la plante est lui aussi moindre.

De nombreuses expériences similaires sont actuellement menées en Occitanie. À Tresserre (Pyrénées-Orientales), les premières vendanges d’un vin agrivoltaïque ont eu lieu en 2021. En France, les autorités dénombraient 233 projets fin 2022, preuve de l’essor de l’agrivoltaïsme sur le territoire malgré des freins techniques, psychologiques et financiers.

« Ce n’est pas la réponse ultime et l’idée n’est pas d’en mettre en surplomb de toutes les cultures de France, estime Alexandre Cartier, ingénieur d’affaires à Sun’Agri, une division du groupe Sun’R, opérateur du dispositif expérimental de La Valette. Mais elle permet aux agriculteurs de réduire leurs apports en eau et de sécuriser leurs récoltes, tout en produisant de l’électricité renouvelable. C’est une solution parmi d’autres face au réchauffement climatique. »


Source : Ouest France

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